IDENTIFICATION DES CHANTS ET INSTRUMENTS TRADITIONNELS D’ANTAN POUR PROMOUVOIR LA PAIX !

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet  » Promouvoir la cohésion sociale à travers l’expression de la diversité culturelle » finance par l’Union Européenne au Mali, CramCram a organisé une enquête d’identification des instruments de musique et chants traditionnels dans six communes du cercle de Diré. Elle s’est déroulée sur une période de onze (11) jours ( 1er au 11 mars 2021). Au cours de cette activité, douze (12) enquêteurs ont été recrutés dans l’ensemble des communes bénéficiaires du projet pour identifier les chants et instruments traditionnels d’antan contribuant à la promotion de la paix.

LES INSTRUMENTS  IDENTIFIES :

  1. Djourkel en (bambara, peulh) kountidji, konsa, mola en (songhay) en français (la guitare monocorde).

Origine : l’histoire raconte qu’un berger  qui devrait se marier alla demander la main d’une demoiselle. La famille de la fille lui aurait demandé d’abreuver son troupeau dans une mare gardée par un groupe de bandits méchants et sanguinaires. Chemin faisant, il rencontra un vieux diable auquel il confia son histoire. Le vieux diable dans le but de l’aider lui aurait donné cet instrument et lui a demandé de le jouer dès son arrivée à la mare. Le vieux diable lui aurait assuré que quiconque aurait entendra le son de cet instrument s’enivrera et tombera dans un sommeil profond. C’est ainsi que le berger fut abreuver ses animaux dans la mare et obtint enfin la main de sa dulcinée.

Dans une autre commune (Kondi), la légende raconte qu’un berger et son griot qui auraient perdu la route de leur village se déambulant dans la brousse auraient entendu un instrument. Ils se dirigèrent vers l’endroit d’où venait ce son et y découvrirent un diable jouant cet instrument. Ce diable aurait confié au berger et à son compagnon ledit instrument. Aujourd’hui, le djourkel est présent dans toutes les cérémonies (fêtes, baptêmes, soirées).

  • La flûte : Flé (bamanan), koullou (peulh), lati (songhay)

Origine : l’histoire raconte qu’un berger ayant perdu une de ses vaches, partit à sa recherche. Après plusieurs heures de recherche, il retrouva enfin sa vache, entre les griffes d’un lion qui voulait la dévorer. Impuissant, le jeune berger se mit à souffler dans une flûte. Aussitôt, un diable surgit et lui demanda un deal et comme cela, il sauvera son animal sur le point d’être dévoré par le lion. Le jeune dit : « je n’ai rien en ma possession que cette  vache, tu me la sauves et je jouerai pour toi toute la nuit. »

Le diable, sortit sa main et voulu frapper le lion, qui à son tour lui demanda d’arrêter et  ainsi, il promet de faire équipe avec eux en assurant la sécurité quotidienne du berger, à condition que celui-ci continue de jouer sa délicieuse musique. Les trois compères se mettent donc ensemble et tous les jours, le jeune berger joue de sa flûte dans la brousse pour ses deux amis le lion et le diable. Cet instrument est un outil de protection contre les animaux de la brousse, qui adorent sa musique. Aujourd’hui,  cet instrument est utilisé pour jouer des airs pour les vainqueurs, les braves, les bergers hors pairs et dans sa version populaire : les mariages, baptêmes, les soirées folkloriques.

  • Kolo : tambour constitué d’une calebasse et une peau de chèvre ; Il y’a aussi des tambours plus petits confectionnés à partir de canaris et peau de chèvre, l’ensemble est constitué de la grande calebasse et de quatre petits canaris ento  urés de cauris. On le joue à la main (grande) et on fait sautiller les petits. Le kolo est utilisé pour accompagner les mariés dans la chambre nuptiale. Le message transmis est le plus souvent à la femme : la gestion du foyer conjugal, apporter le bonheur dans la famille, l’éducation des enfants etc.
  • Le Biguini : instrument construit à base de fer de tôle  ou de calebasse sur laquelle  on fixe douze pièces en métal de différentes tailles.

Origine : selon la tradition, l’instrument a été donné à un berger par un diable.  Accompagné par son griot, le berger voulant se marier devait faire pâturer ses animaux dans une mare lointaine, dans le but de se marier à une fille. Durant, leur  longue marche vers la mare, ils entendirent le son de cet instrument joué par un diable. Au fur et à mesure que le son s’approchait d’eux, ils se demandaient de quel instrument ce son pourrait provenir. Puis le diable se montra à eux, son instrument entre les mains il leur demanda, leur destination et les deux compagnons répondirent : « nous allons à la mare, abreuver nos animaux et les faire paître pendant trois jours ». Le diable : «  pourquoi donc, vous prenez de tels risques, car cette mare est dangereuse : elle est gardée par des milliers de soldats sanguinaires et violents ». Ils répondirent « nous y allons, car c’est la condition pour nous accorder la main de cette fille ». N’ayant pas pu les décourager, le diable leur remit l’instrument et leur demanda de le jouer en toute circonstance à leur arrivée aux abords de la mare. Ce qu’ils firent et à la fin, ils vainquirent les gardiens, firent abreuver leurs animaux et durant trois jours, les animaux mangèrent de l’herbe fraiche. Le berger et son berger retournèrent au village en triomphateurs et réussissent leur mariage. Aujourd’hui, le bikini est utilisé pour célébrer les vainqueurs (saigalaré) ; il sert aussi dans les cérémonies de mariage et le folklore.

LES CHANSONS IDENTIFIEES :

  1. TAMALA : C’est une chanson  populaire, dédié aux chefs depuis le temps de l’empire Songhay. L’esprit de la chanson est de montrer la toute-puissance du prince, roi songhay et de l’autre côté sa grandeur d’âme et sa capacité à accorder son pardon aux faibles, aux vaincus, aux pauvres. Aujourd’hui, cette chanson est utilisée dans toutes les rencontres et cérémonies : mariages, baptêmes, réception de personnalités, fêtes etc

Elle est encore, un puissant ferment de l’unité et de la paix dans la contrée.

  • LE YAALI : Le yaali est une chanson qui parle de la bravoure des princes et rois Tamasheqs en particulier (IMACHAG) ; cette chanson galvanise les guerriers Tamasheqs afin de les rendre invincibles et toujours victorieux.  Aujourd’hui, la chanson est utilisée par les griots qui s’en servent à  des fins personnelles ; elle est aussi utilisée dans les soirées de Takamba et parfois par les orchestres modernes.
  • ABARBA IDJE : Chanson populaire, qui est dédiée aux bouchers, et surtout les encourager à  faire du bon travail. La chanson est toujours utilisée lors des manifestations festives (mariages, fêtes, baptêmes).

RECOMMANDATIONS DE LA MISSION : La mission s’est bien déroulée en dépit des défis sécuritaires importants. Tous les sites retenus pour  l’enquête ont pu être visités. La mission recommande fortement aux partenaires d’agir rapidement car certains des matériels détectés sont dans un état déplorable et si rien n’est fait dans un avenir proche les plus jeunes enfants n’auront pas la chance de les connaitre.

1 réflexion sur “IDENTIFICATION DES CHANTS ET INSTRUMENTS TRADITIONNELS D’ANTAN POUR PROMOUVOIR LA PAIX !”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut